Fondamentaux de l’architecture agentique : définition et composants clés

L’émergence de l’intelligence artificielle générative a ouvert des perspectives inédites pour l’automatisation des tâches complexes. Cependant, l’utilisation de modèles de langage monolithiques, malgré leur puissance apparente, révèle rapidement des limites structurelles en contexte d’entreprise : une connaissance figée, une mémoire volatile et une incapacité à orchestrer des raisonnements multiples. Pour surmonter ces obstacles, un changement de paradigme architectural s’impose. La construction d’une solution IA performante ne repose pas sur un seul « cerveau » omniscient, mais sur la conception d’une architecture agentique robuste et modulaire.

Cette approche, qui consiste à assembler et coordonner des agents intelligents et spécialisés, constitue le socle indispensable pour garantir la pertinence, l’évolutivité et la maintenabilité des systèmes d’IA. Une architecture agentique bien conçue transforme une technologie prometteuse en un atout stratégique, capable de s’adapter aux besoins métiers et de fournir des résultats fiables et auditables.

Définir le concept de système intelligent et d’agent autonome

Au cœur de cette nouvelle approche se trouve l’agent IA. Un agent est une entité logicielle autonome capable de percevoir son environnement, de raisonner et d’agir de manière proactive pour atteindre des objectifs prédéfinis. Il peut communiquer avec d’autres agents, accéder à des outils et apprendre de ses interactions. Contrairement à un simple programme, un agent dispose d’une marge de manœuvre pour décider de la meilleure séquence d’actions à entreprendre.

Un système multi-agents est un ensemble d’agents qui collaborent pour résoudre un problème dépassant les capacités d’un seul individu. L’intelligence du système n’est pas centralisée, mais émerge de l’interaction et de la coordination de ces entités autonomes. Cette philosophie s’oppose radicalement aux modèles d’IA monolithiques, qui fonctionnent comme des boîtes noires. Une architecture agentique privilégie la décentralisation, la spécialisation et la coopération, créant un écosystème résilient et adaptable. Les fondements théoriques de cette approche, comme le soulignent des travaux de recherche publiés sur ArXiv, s’inspirent à la fois de l’IA classique, des sciences cognitives et des avancées en apprentissage profond.

Anatomie d’une architecture : les briques fonctionnelles essentielles

Une architecture agentique efficace repose sur l’assemblage cohérent de plusieurs composants fonctionnels, chacun jouant un rôle précis. La robustesse de l’ensemble dépend de la clarté de leurs fonctions et de la fluidité de leurs interactions.

Le tableau suivant détaille les briques fondamentales d’une architecture agentique moderne.

Composant Rôle principal Interaction avec les autres composants
Orchestrateur (Méta-agent) Cerveau stratégique du système. Il analyse la requête initiale, la décompose en sous-tâches et élabore un plan d’action. Il sélectionne et assigne les tâches aux agents spécialisés. Il reçoit leurs résultats, les synthétise et contrôle la qualité finale avant de fournir une réponse.
Agents spécialisés Experts fonctionnels dédiés à une tâche unique (ex: analyse de données, rédaction, recherche web, interaction API). Ils reçoivent leurs instructions de l’orchestrateur, exécutent leur tâche en utilisant potentiellement des outils, et remontent le résultat de leur travail à l’orchestrateur.
Moteur de raisonnement (LLM/SLM) Capacité cognitive principale. Il fournit les capacités de compréhension, de génération de langage et de logique de base. L’orchestrateur et les agents spécialisés l’utilisent pour interpréter les requêtes, formuler des plans, analyser des informations et générer des réponses textuelles.
Mémoire (Court et long terme) Assure la continuité et la contextualisation. La mémoire à court terme conserve le contexte de la conversation en cours, tandis que la mémoire à long terme stocke les connaissances et les interactions passées. Elle est consultée par l’orchestrateur pour contextualiser les nouvelles requêtes et par les agents pour accéder à des informations pertinentes issues d’échanges antérieurs.
Outils (Connecteurs) Ponts vers le monde extérieur. Ce sont des API, des bases de données, des moteurs de recherche ou d’autres systèmes logiciels. Les agents spécialisés utilisent ces outils pour collecter des informations à jour ou pour exécuter des actions concrètes dans les systèmes d’information de l’entreprise (ex: créer une entrée dans un CRM).

Pour illustrer concrètement le rôle de l’orchestrateur, Algos a développé une technologie propriétaire, le CMLE (Contextual Multi-Level Expert) Orchestrator. Il ne s’agit pas d’un simple répartiteur de tâches, mais d’une véritable IA de gouvernance conçue pour maîtriser le contexte. Face à une requête, il la déconstruit, la contextualise en interrogeant des sources de savoirs hiérarchisées, puis distribue le travail à un réseau d’experts internes, assurant ainsi une orchestration de l’IA à la fois intelligente et contrôlée.

Les impératifs stratégiques d’une conception modulaire et robuste

Une architecture agentique bien conçue optimise la performance et la maintenance des systèmes d'intelligence artificielle.
Une architecture agentique bien conçue optimise la performance et la maintenance des systèmes d’intelligence artificielle.

Adopter une architecture agentique n’est pas seulement un choix technique, c’est une décision stratégique qui conditionne la viabilité à long terme d’une solution d’intelligence artificielle. Les systèmes d’IA monolithiques, bien que parfois plus simples à prototyper, deviennent rapidement des goulets d’étranglement techniques et financiers. Leur structure rigide empêche toute évolution agile et transforme chaque mise à jour en un projet complexe et risqué. À l’inverse, une conception modulaire est le seul gage d’évolutivité et de maîtrise des coûts.

Garantir l’évolutivité et la performance à long terme

La modularité est la clé de voûte de la pérennité. Une architecture agentique bien pensée est conçue comme un assemblage de composants indépendants mais communicants, à l’image d’une architecture en microservices. Cette séparation des fonctions offre une flexibilité fondamentale pour l’avenir du système. Des travaux de référence, notamment ceux du MIT sur la conception des agents autonomes, soulignent depuis longtemps la nécessité d’une structure modulaire pour développer des comportements complexes.

Les bénéfices d’une telle approche sont multiples et directement mesurables :

  • Évolutivité fonctionnelle : L’ajout d’une nouvelle capacité (par exemple, analyser un nouveau type de document ou se connecter à un nouveau logiciel) se résume à développer et intégrer un nouvel agent spécialisé, sans avoir à modifier le cœur du système.
  • Scalabilité technique : En cas de montée en charge, il est possible d’allouer davantage de ressources uniquement aux agents les plus sollicités, plutôt que de devoir surdimensionner l’ensemble de l’infrastructure. Cela permet une gestion optimisée des ressources de calcul.
  • Indépendance technologique : Un agent ou un composant, comme un modèle de langage (LLM), peut être mis à jour ou remplacé par une technologie plus performante sans impacter les autres briques. Cette interchangeabilité prévient l’obsolescence technique et la dépendance à un unique fournisseur.
  • Résilience accrue : La défaillance d’un agent spécifique n’entraîne pas l’arrêt complet du système. L’orchestrateur peut isoler le composant défectueux et, dans certains cas, rediriger la tâche vers un agent de secours, garantissant ainsi la continuité de service.

Simplifier la maintenance et l’amélioration continue

Au-delà de l’évolutivité, les bénéfices opérationnels d’une architecture agentique modulaire sont considérables. La maintenance des systèmes d’IA, souvent coûteuse et complexe, devient plus simple et prédictible. La clarté de la structure permet de réduire les délais d’intervention et d’accélérer les cycles d’amélioration. Comme le souligne un guide pratique de l’IEEE, le développement de systèmes robustes et efficaces passe par l’adoption de modèles de conception éprouvés.

Le processus de maintenance et d’amélioration suit alors un cheminement logique :

  1. Identification précise de la source d’erreur : Lorsqu’une réponse est incorrecte ou qu’une tâche échoue, les journaux d’exécution permettent de tracer le parcours de la requête et d’identifier précisément quel agent ou quel outil est en cause. Le débogage est ciblé et rapide.
  2. Correction ou mise à jour isolée : L’intervention se concentre uniquement sur le composant défaillant. Il est possible de le corriger, de le mettre à jour ou de le remplacer sans risque de régression sur les autres parties du système.
  3. Déploiement incrémental et sécurisé : Les améliorations peuvent être déployées de manière progressive. Un nouvel agent peut être testé sur un périmètre limité avant d’être généralisé, ce qui minimise les risques liés à la mise en production.
  4. Optimisation continue des performances : L’analyse des interactions entre agents permet d’identifier des axes d’optimisation, comme la révision du plan d’action de l’orchestrateur ou l’amélioration des prompts d’un agent spécifique, pour gagner en efficacité et en pertinence.

Cette approche transforme la maintenance d’un fardeau réactif en un processus d’amélioration continue et maîtrisé, aligné sur les objectifs métier.

Principes de conception pour une architecture agentique efficace

Le déploiement réussi de l'IA repose sur une architecture agentique modulaire adaptée aux environnements complexes.
Le déploiement réussi de l’IA repose sur une architecture agentique modulaire adaptée aux environnements complexes.

La performance d’une architecture agentique ne découle pas seulement de la qualité de ses composants, mais surtout de l’intelligence de leur agencement. La conception doit obéir à des principes clairs qui favorisent la collaboration, la contextualisation et l’action. C’est la synergie entre des agents hautement spécialisés et leur capacité à interagir avec des connaissances fiables qui produit une intelligence collective supérieure.

Rôle et spécialisation : l’intelligence collective des agents spécialisés

Le principe fondamental est celui de la division du travail. Tenter de créer un agent « à tout faire » mène inévitablement à la médiocrité. Une architecture agentique performante repose sur un ensemble d’agents aux compétences délimitées et à l’expertise profonde. Chaque agent est conçu pour exceller dans une tâche unique et bien définie. Cette spécialisation est une condition nécessaire à l’émergence d’une intelligence collective pertinente, un concept corroboré par des recherches sur la modularité dans l’organisation du comportement.

La définition des rôles doit être rigoureuse et alignée sur les processus métier :

  • Agent Analyste de Données : Spécialisé dans l’interrogation de bases de données structurées, l’exécution de requêtes SQL et la génération de visualisations ou de résumés statistiques.
  • Agent Rédacteur : Expert dans la génération de texte selon un style, un ton et une structure spécifiques. Il peut être décliné en sous-spécialités : rédacteur marketing, rédacteur technique, rédacteur juridique, etc.
  • Agent de Recherche : Chargé d’interroger des sources externes (web, bases de données académiques) de manière ciblée pour collecter des informations fraîches et pertinentes, tout en filtrant le bruit.
  • Agent d’Interaction Client : Conçu pour gérer le dialogue avec un utilisateur final, comprendre ses intentions, poser des questions de clarification et maintenir un échange cohérent.
  • Agent d’Exécution Métier : Habilité à interagir avec les systèmes d’information de l’entreprise via des API pour réaliser des actions concrètes : créer un ticket de support, mettre à jour une fiche client dans un CRM, etc.

C’est l’orchestrateur qui, en chef d’orchestre, combine ces expertises pour exécuter des flux de travail complexes, garantissant que chaque étape de la tâche est réalisée par le meilleur spécialiste disponible.

L’importance de la mémoire contextuelle et des connecteurs métier

Un agent, aussi spécialisé soit-il, est inutile s’il opère dans le vide. Sa capacité à agir de manière pertinente dépend de deux éléments cruciaux : la mémoire et les outils. La littérature scientifique, comme le met en évidence une publication sur ArXiv, identifie systématiquement la mémoire comme une capacité fondamentale des systèmes agentiques.

La mémoire confère au système la conscience de son propre historique. On distingue généralement :

  • La mémoire à court terme (ou fenêtre de contexte) : Elle contient les informations relatives à l’interaction en cours. C’est elle qui permet à un système de se souvenir des questions précédentes de l’utilisateur pour fournir une réponse cohérente, sans lui demander de se répéter.
  • La mémoire à long terme : Elle sert de base de connaissances persistante. Elle peut stocker des informations sur les préférences de l’utilisateur, les résultats d’interactions passées ou des documents de référence de l’entreprise (via des techniques comme le RAG – Retrieval-Augmented Generation).

Les connecteurs métier, quant à eux, sont les « mains » du système. Ce sont des interfaces de programmation (API) sécurisées qui permettent aux agents de lire ou d’écrire des données dans les applications de l’entreprise (ERP, CRM, GED, etc.). Sans ces connecteurs, l’IA reste un système consultatif, incapable d’agir. C’est grâce à eux qu’une architecture agentique peut passer de l’analyse à l’action, en automatisant des processus de bout en bout. Une bonne conception d’architecture agentique repose donc sur un accès gouverné et sécurisé aux données pertinentes, qu’elles soient internes ou externes, pour ancrer le raisonnement des agents dans la réalité opérationnelle de l’entreprise.

Méthodologie de développement et de déploiement itératif

La solidité d'une architecture agentique est cruciale pour garantir la fiabilité et la sécurité des applications d'IA innovantes.
La solidité d’une architecture agentique est cruciale pour garantir la fiabilité et la sécurité des applications d’IA innovantes.

La construction d’une architecture agentique robuste n’est pas un projet informatique classique. Elle s’apparente davantage à la mise en place d’une nouvelle équipe opérationnelle. Le succès dépend moins d’un cahier des charges exhaustif que d’une approche progressive, itérative et centrée sur la valeur métier. Le cycle de vie d’un système agentique est continu, allant du cadrage initial à l’optimisation permanente en production.

Du cadrage métier à la conception détaillée des agents

La première phase est cruciale : elle consiste à traduire un besoin métier en une architecture fonctionnelle. L’objectif n’est pas de tout automatiser d’un coup, mais d’identifier un cas d’usage à forte valeur ajoutée et au périmètre maîtrisé. Cette étape de cadrage stratégique est un prérequis à toute implémentation technique.

Ce processus se déroule en plusieurs étapes structurées :

  1. Définition du cas d’usage et des objectifs : Il s’agit de décrire précisément le processus métier à automatiser ou à assister. Quels sont les objectifs (gain de temps, réduction des erreurs, amélioration de la qualité) ? Quels sont les indicateurs de succès (KPIs) ?
  2. Identification des sources de données et des outils : Quelles informations sont nécessaires pour que les agents puissent travailler ? Sont-elles dans des bases de données, des documents, des emails ? Quels systèmes (CRM, ERP) devront être interrogés ou mis à jour ?
  3. Cartographie des rôles et des compétences : Sur la base du processus, on définit les différents agents spécialisés requis. Quel sera le rôle de chacun ? Quelles seront ses compétences et ses permissions ?
  4. Conception du flux de travail (workflow) : On modélise la séquence d’interactions entre les agents. Comment l’orchestrateur va-t-il décomposer la tâche ? Dans quel ordre les agents interviendront-ils ? Quels sont les points de validation ?

Pour structurer cette phase complexe, des frameworks dédiés sont nécessaires. À titre d’exemple, Algos s’appuie sur Lexik, son framework propriétaire, pour concevoir, relier et gouverner des systèmes d’agents. Cet outil permet de traduire la logique métier en une architecture agentique structurée, en définissant les responsabilités de chaque agent et en gérant leur intégration sécurisée aux outils de l’entreprise.

Le cycle de développement : de l’implémentation aux tests utilisateurs

Une fois la conception initiale établie, le développement se fait de manière itérative, en suivant une logique de « produit minimum viable » (MVP). L’idée est de construire rapidement une première version fonctionnelle du système pour la confronter le plus tôt possible à la réalité du terrain. Cette approche agile permet d’ajuster le tir en continu et de s’assurer que la solution développée répond véritablement aux attentes.

Le cycle de développement itératif comprend typiquement les phases suivantes :

  • Développement du prototype (MVP) : Implémentation de la première version de l’orchestrateur et des agents les plus critiques. L’accent est mis sur la fonctionnalité principale, quitte à simplifier certains aspects périphériques.
  • Tests en environnement contrôlé : La solution est testée par une équipe projet avec des données réelles mais anonymisées pour valider le bon fonctionnement du workflow et la pertinence des premiers résultats.
  • Déploiement pilote auprès d’utilisateurs clés : Un groupe restreint d’utilisateurs finaux teste la solution dans leurs conditions de travail réelles. Cette phase est essentielle pour recueillir des retours qualitatifs sur l’ergonomie, la fiabilité et la valeur perçue.
  • Itération et affinage : Sur la base des retours techniques et utilisateurs, les développeurs affinent le comportement des agents, ajustent la logique de l’orchestrateur, améliorent les prompts et corrigent les erreurs. Ce cycle de « build-measure-learn » est répété jusqu’à atteindre le niveau de performance et de fiabilité requis pour un déploiement plus large.

Des solutions comme Otogo Web d’Algos, qui déploie une stratégie de contenu autonome, sont le fruit de ce type de développement itératif, où plus de 30 IA spécialisées ont été progressivement affinées pour collaborer de manière optimale.

Supervision et pilotage de la performance des systèmes agentiques

Déployer une architecture agentique ne marque pas la fin du projet, mais le début de son cycle de vie opérationnel. Un système d’agents autonomes, aussi bien conçu soit-il, ne doit jamais fonctionner sans un contrôle humain rigoureux. La supervision n’est pas une option, mais une nécessité absolue pour garantir la fiabilité, la sécurité et l’alignement continu avec les objectifs de l’entreprise. Mettre en place des mécanismes d’observabilité et d’évaluation de la performance est un pilier de la gouvernance IA.

Mettre en place des mécanismes de supervision humaine et d’observabilité

La confiance dans un système d’IA repose sur sa transparence et sa prévisibilité. Il est impératif de disposer d’outils permettant de comprendre ce que le système fait, pourquoi il le fait, et de pouvoir intervenir en cas de dérive. L’évaluation de la performance par le biais de plateformes de benchmarking est une pratique établie dans la recherche, et ses principes doivent être adaptés au contexte de l’entreprise.

Les mécanismes de supervision essentiels peuvent être structurés comme suit :

Mécanisme de supervision Objectif Indicateurs clés (KPIs)
Journalisation des événements (Logging) Fournir une traçabilité complète de chaque action. Qui a fait quoi, quand et sur la base de quelle information ? Trace d’exécution par requête, version des agents utilisés, sources de données consultées, temps de réponse par étape.
Tableaux de bord de performance Donner une vue d’ensemble de l’activité et de la santé du système en temps réel. Volume de tâches traitées, taux de succès/échec, temps de traitement moyen, coût par tâche, utilisation des ressources.
Systèmes d’alerte Notifier les équipes responsables en cas d’anomalie critique ou de comportement inattendu. Taux d’erreur dépassant un seuil, détection de boucle infinie, échec d’accès à un outil critique (API), pics de latence.
Processus de validation humaine Assurer un contrôle humain sur les actions à fort enjeu (financier, juridique, relation client). File d’attente des décisions critiques, interface de validation/rejet, mécanisme d’escalade vers un superviseur humain.

C’est cette combinaison d’outils qui permet de passer d’une confiance aveugle à une confiance éclairée, fondée sur des preuves et des mécanismes de contrôle.

Évaluation continue et stratégies d’optimisation des flux de travail

Une fois le système en production et sous supervision, le travail d’optimisation commence. L’objectif est d’améliorer en continu l’efficacité et la pertinence du système, non pas sur la base d’intuitions, mais de données factuelles. La performance doit être mesurée en permanence par rapport aux KPIs métier définis lors de la phase de cadrage.

L’optimisation d’une architecture agentique est un processus structuré. Pour garantir des résultats fiables, il est crucial de s’appuyer sur une architecture qui intègre des mécanismes de contrôle qualité. Par exemple, le CMLE Orchestrator d’Algos soumet les résultats intermédiaires à un agent critique interne. Si la qualité est jugée insuffisante, le plan est ajusté et un nouveau cycle d’exécution est lancé. Ce processus de validation itérative est ce qui permet de garantir un taux d’hallucination inférieur à 1 %, transformant la fiabilité en un résultat d’ingénierie plutôt qu’un espoir.

Les stratégies d’optimisation peuvent inclure :

  • L’analyse des échecs : Chaque tâche échouée est une opportunité d’apprentissage. L’analyse des journaux permet de comprendre la cause racine (un prompt ambigu, une donnée manquante, un outil défaillant) et d’apporter des correctifs ciblés.
  • L’optimisation des prompts : De légères modifications dans les instructions données aux agents peuvent avoir un impact significatif sur la qualité et la précision de leurs réponses.
  • La réallocation des tâches : Si l’on observe qu’un agent est systématiquement moins performant qu’un autre sur un certain type de tâche, l’orchestrateur peut être reconfiguré pour ajuster l’assignation.
  • L’A/B testing de nouveaux agents : Pour améliorer une fonction, on peut développer un nouvel agent et le tester en parallèle de l’ancien sur une partie du trafic pour comparer objectivement leurs performances avant de décider de remplacer le premier.

Cette démarche assure que l’architecture agentique non seulement fonctionne, mais qu’elle s’améliore avec le temps, maximisant ainsi son retour sur investissement.

Gouvernance, éthique et conformité dans un contexte d’actions autonomes

L’autonomie conférée aux agents IA soulève des questions fondamentales de gouvernance, de responsabilité et d’éthique. Une architecture agentique capable d’interagir avec les systèmes de l’entreprise et de prendre des décisions ne peut être déployée sans un cadre de contrôle strict. La robustesse technique doit être complétée par une robustesse organisationnelle et juridique pour maîtriser les risques et garantir une utilisation responsable de la technologie.

Établir un cadre de gouvernance IA pour maîtriser les risques

La gouvernance des systèmes agentiques va bien au-delà de la simple supervision technique. Elle consiste à définir les règles du jeu, les limites et les responsabilités avant même la première ligne de code. Ce cadre doit être co-construit par les équipes techniques, métiers, juridiques et de conformité. L’évolution des systèmes intelligents, comme le suggère une analyse de l’Université de Stanford, doit s’accompagner d’une adaptation de nos propres structures de contrôle.

Un cadre de gouvernance IA solide pour une architecture agentique doit inclure :

  • Une définition claire des responsabilités : Qui est responsable en cas d’erreur d’un agent ? Le développeur, l’opérateur, le responsable métier ? Une chaîne de responsabilité claire doit être établie et documentée.
  • La délimitation stricte des périmètres d’action : Chaque agent doit avoir un mandat précis et des permissions limitées au strict nécessaire (« principe de moindre privilège »). Un agent ne doit pas pouvoir accéder à des données ou exécuter des actions qui ne sont pas indispensables à sa mission.
  • La mise en place de mécanismes de contrôle et d’arrêt d’urgence : Il doit toujours être possible pour un superviseur humain de mettre en pause le système, d’annuler une action en cours ou de reprendre la main manuellement, surtout pour les processus critiques.
  • Un processus de gestion des incidents : Que se passe-t-il lorsqu’un agent prend une mauvaise décision ? Un processus formel doit être en place pour détecter, analyser, corriger l’incident et en prévenir la récurrence.

Ces principes permettent de s’assurer que l’autonomie des agents reste toujours sous le contrôle et au service des objectifs de l’entreprise. Pour des projets complexes, il est souvent judicieux de s’appuyer sur des services de conseil experts pour bâtir ce cadre de gouvernance.

Assurer la conformité réglementaire (RGPD) et l’explicabilité des décisions

L’utilisation d’une architecture agentique en Europe impose le respect de contraintes réglementaires strictes, au premier rang desquelles le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). La capacité d’un système à manipuler des données personnelles et à prendre des décisions automatisées le place directement dans le champ d’application de cette législation.

La conformité doit être intégrée dès la conception (« Privacy by Design »). Cela signifie que l’architecture agentique doit être pensée pour :

  • Minimiser la collecte de données : Les agents ne doivent accéder et traiter que les données personnelles strictement nécessaires à l’accomplissement de leur tâche.
  • Garantir la sécurité et la confidentialité : Les données doivent être chiffrées, anonymisées lorsque possible, et leur accès doit être strictement contrôlé.
  • Respecter les droits des personnes : Le système doit permettre d’exercer les droits d’accès, de rectification, d’effacement et d’opposition des personnes concernées.

Un point crucial est la souveraineté des données. Pour garantir une conformité sans faille, il est impératif de maîtriser la localisation des traitements. C’est pourquoi Algos s’engage à garantir une IA souveraine, avec un hébergement et des traitements 100 % en France pour ses clients français, et une plateforme conçue « Privacy by Design » avec une politique de « Zero Data Retention ».

Enfin, l’explicabilité est une exigence à la fois éthique et réglementaire. Il ne suffit pas qu’un système prenne la bonne décision ; il faut être capable d’expliquer comment et pourquoi cette décision a été prise. Une architecture agentique modulaire facilite grandement cette tâche. En traçant le cheminement d’une requête à travers l’orchestrateur et les différents agents spécialisés, il devient possible de reconstituer le raisonnement logique et de le présenter de manière intelligible. Cette traçabilité est la meilleure garantie contre les « boîtes noires » et un prérequis indispensable pour instaurer une confiance durable dans les solutions d’IA d’entreprise. Des plateformes comme Omnisian sont conçues sur ces principes, offrant à la fois la puissance de l’IA et la gouvernance nécessaire à un déploiement serein.