Fondements du contrôle de la qualité des données pour l’IA

La performance d’un système d’intelligence artificielle est indissociable de la qualité des données qui l’alimentent. Mettre en place un processus de contrôle de qualité des données IA n’est donc pas une simple option technique, mais un impératif stratégique qui conditionne la fiabilité des décisions, la pertinence des résultats et la confiance des utilisateurs. Cette démarche structurée vise à garantir que les données utilisées pour entraîner et opérer les modèles d’IA sont exactes, complètes, cohérentes et représentatives de la réalité qu’elles décrivent. Sans un tel processus, les organisations s’exposent à des risques significatifs, allant de prédictions erronées à des biais algorithmiques préjudiciables.

L’enjeu est de transformer le patrimoine de données de l’entreprise en un actif fiable et gouverné, capable de soutenir des applications d’IA à forte valeur ajoutée. Cela implique de dépasser une vision purement réactive de la correction des erreurs pour adopter une approche proactive, intégrée aux processus métiers et technologiques. Un contrôle de qualité des données IA efficace est le socle sur lequel reposent la performance algorithmique et la prise de décision éclairée.

Définir la qualité des données et son impact sur la performance IA

Dans le contexte de l’intelligence artificielle, la qualité des données revêt une importance critique. Les algorithmes, en particulier les modèles d’apprentissage automatique, apprennent des schémas, des corrélations et des structures présents dans les données d’entraînement. Toute imperfection dans ces données sera inévitablement apprise, amplifiée et perpétuée par le modèle. Comme le souligne le Stanford Institute for Human-Centered Artificial Intelligence, l’attention des chercheurs doit se porter sur les données à chaque étape, car les modèles d’IA ne valent que par la qualité de leur pipeline de données. L’impact d’un mauvais contrôle de qualité des données IA se manifeste sur plusieurs plans :

  • Biais et équité : Des données d’entraînement non représentatives de la diversité d’une population peuvent conduire à des modèles qui discriminent certains groupes. Par exemple, un algorithme de recrutement entraîné sur des données historiques biaisées pourrait systématiquement écarter des profils qualifiés.
  • Précision et fiabilité : Des données inexactes, incomplètes ou bruitées dégradent la capacité du modèle à effectuer des prédictions fiables. Un modèle prédictif de maintenance alimenté par des relevés de capteurs erronés générera des alertes inutiles ou, pire, manquera des pannes critiques.
  • Robustesse et généralisation : Un modèle entraîné sur un jeu de données de faible qualité aura des difficultés à généraliser ses apprentissages à de nouvelles données inconnues. Il sera fragile et peu performant en conditions réelles, incapable de s’adapter à des situations non vues lors de son entraînement.
  • Explicabilité et confiance : Il est impossible de faire confiance à une décision générée par une IA si les données sur lesquelles elle se fonde sont douteuses. La traçabilité et la justification des résultats, essentielles pour l’adoption par les utilisateurs, dépendent d’un patrimoine de données fiables.

Identifier les risques liés aux données de mauvaise qualité : le principe GIGO

Le principe « Garbage In, Garbage Out » (GIGO), ou « déchets en entrée, déchets en sortie », résume parfaitement la dépendance des systèmes d’IA à la qualité des données. Il stipule qu’une entrée de mauvaise qualité produira inévitablement une sortie de mauvaise qualité, quelle que soit la sophistication de l’algorithme. Les conséquences de l’ignorance de ce principe sont directes et souvent coûteuses. Une étude publiée sur arXiv a exploré empiriquement la relation entre six dimensions de la qualité des données et la performance de quinze algorithmes d’apprentissage automatique, confirmant ce lien direct.

Le principe GIGO en pratique : des risques métiers concrets

  • Risques financiers : Des prévisions de ventes basées sur des données erronées peuvent entraîner des ruptures de stock ou des surstocks coûteux. Des modèles de scoring de crédit défaillants peuvent conduire à des pertes financières importantes.
  • Risques opérationnels : L’automatisation de processus avec une IA alimentée par des données incohérentes peut paralyser une chaîne logistique, générer des facturations incorrectes ou affecter la qualité du service client.
  • Risques de réputation : Des recommandations de produits non pertinentes, des communications personnalisées erronées ou des décisions perçues comme injustes peuvent éroder la confiance des clients et nuire durablement à l’image de marque de l’entreprise.
  • Risques de conformité : L’utilisation de données personnelles incorrectes ou obsolètes expose l’entreprise à de lourdes sanctions dans le cadre de réglementations comme le RGPD. Un mauvais contrôle de qualité des données IA peut rendre la conformité à l’IA Act particulièrement difficile.

Diagnostiquer les sources d’erreurs dans le patrimoine de données

Illustration d'un processus optimisé où le contrôle de qualité des données IA garantit des résultats précis et fiables.
Illustration d’un processus optimisé où le contrôle de qualité des données IA garantit des résultats précis et fiables.

Avant de pouvoir mettre en place un processus de contrôle de qualité des données IA efficace, il est indispensable de réaliser un diagnostic précis des problèmes existants. Cette étape consiste à identifier la nature des anomalies présentes dans les données et à remonter à leurs causes profondes. Une compréhension claire des types de défauts et de leurs origines permet de prioriser les actions de correction et de mettre en place des mesures préventives ciblées pour éviter leur récurrence. L’objectif est de passer d’une simple correction des symptômes à un traitement des causes racines.

Les types d’anomalies et de défauts les plus courants

Les problèmes de qualité des données peuvent prendre de multiples formes. Une classification rigoureuse permet de systématiser leur détection et leur traitement. Chaque type d’anomalie nécessite des techniques de validation et de nettoyage des données spécifiques. Voici les catégories les plus fréquentes :

  • Données manquantes (incomplétude) : Des champs ou des enregistrements sont vides là où une valeur était attendue. Cela peut provenir d’erreurs de saisie, de problèmes lors d’une migration de données ou de champs optionnels qui deviennent obligatoires.
  • Doublons (unicité) : Le même enregistrement (un client, un produit, une transaction) existe plusieurs fois dans une base de données, souvent avec de légères variations (fautes de frappe, adresses différentes), ce qui fausse les analyses et les agrégats.
  • Inexactitudes et valeurs aberrantes : Les données enregistrées ne reflètent pas la réalité. Il peut s’agir d’erreurs de saisie (un âge à 200 ans), de relevés de capteurs défectueux ou de valeurs qui, bien que possibles, sont statistiquement très improbables et peuvent fausser l’apprentissage des modèles.
  • Incohérences de format et de sémantique : Les mêmes informations sont représentées de différentes manières à travers le système d’information. Des dates au format américain et européen, des unités de mesure différentes (pouces vs centimètres) ou des catégories de produits non standardisées (« Portable » vs « Ordinateur portable ») créent une hétérogénéité qui nuit à l’analyse de données.

Origines des défauts : des erreurs de saisie aux problèmes systémiques

Identifier l’origine des erreurs est crucial pour mettre en place des actions correctives durables. Les défauts de qualité des données proviennent rarement d’une seule source, mais plutôt d’une combinaison de facteurs humains, processuels et techniques. Une bonne gouvernance de l’IA commence par la cartographie de ces points de fragilité.

Source de l’erreur Description Exemple concret
Erreurs humaines Saisie manuelle incorrecte, fautes de frappe, mauvaise interprétation d’une consigne ou utilisation de champs libres non structurés. Un commercial saisit « Sté » au lieu de « Société » dans le nom d’un client, créant une incohérence.
Défaillances de processus Absence de règles de validation à la saisie, manque de standardisation des référentiels, ou processus métier qui ne garantissent pas la mise à jour des informations. Le processus de départ d’un employé ne prévoit pas la désactivation systématique de ses accès, créant des données d’utilisateurs obsolètes.
Problèmes techniques Erreurs lors de la migration de données entre systèmes, bugs dans les scripts d’intégration (ETL), ou synchronisation défaillante entre différentes applications via des API. Lors de la fusion de deux CRM, le champ « pays » est mal mappé, attribuant une nationalité incorrecte à des milliers de contacts.
Dérive conceptuelle La signification d’un champ de données évolue dans le temps sans que sa définition ou son usage ne soient formalisés et communiqués, créant des ambiguïtés. Un champ « statut client » initialement binaire (« actif »/ »inactif ») est utilisé par certaines équipes pour signifier « prospect », sans mise à jour du dictionnaire de données.

Établir un cadre de gouvernance pour la qualité des données

Environnement de travail collaboratif intégrant le contrôle de qualité des données IA comme étape clé de la stratégie.
Environnement de travail collaboratif intégrant le contrôle de qualité des données IA comme étape clé de la stratégie.

Instaurer un contrôle de qualité des données IA durable ne se limite pas à des interventions techniques ponctuelles. Cela requiert la mise en place d’un cadre de gouvernance des données robuste, qui définit les standards, attribue les responsabilités et ancre la qualité comme une priorité partagée au sein de l’organisation. Cette discipline de gestion vise à institutionnaliser les bonnes pratiques, à mesurer les progrès de manière objective et à s’assurer que le patrimoine de données est géré comme un actif stratégique. Une gouvernance claire est la condition sine qua non pour maintenir un haut niveau de qualité sur le long terme.

Les dimensions clés de la qualité : exactitude, complétude, cohérence

Pour piloter la qualité, il faut d’abord la mesurer. Cela passe par la définition de dimensions claires et d’indicateurs de performance (KPI) associés. Ces métriques permettent d’évaluer objectivement l’état du patrimoine de données, de fixer des objectifs d’amélioration et de suivre leur atteinte. Comme le préconise l’OCDE dans ses travaux, une gouvernance des données et de l’IA efficace s’appuie sur des principes mesurables.

Dimension Définition Indicateur de mesure (KPI)
Exactitude La mesure dans laquelle les données représentent correctement l’objet ou l’événement du monde réel qu’elles décrivent. Taux d’erreur par rapport à une source de vérité (ex: % d’adresses postales non valides).
Complétude Le pourcentage de données présentes par rapport au total potentiellement attendu. Taux de remplissage des champs critiques dans une base de données (ex: % de fiches clients avec un numéro de téléphone).
Cohérence L’absence de contradictions entre des données représentant la même entité au sein d’une même base ou entre différentes bases de données. Nombre d’enregistrements clients avec des statuts contradictoires entre le CRM et le système de facturation.
Actualité (Fraîcheur) La mesure dans laquelle les données sont à jour et pertinentes au moment de leur utilisation. Délai moyen entre l’événement réel et sa mise à jour dans le système d’information.
Unicité L’assurance qu’une entité du monde réel (client, produit) n’est représentée qu’une seule fois dans un jeu de données. Pourcentage d’enregistrements en doublon identifiés dans la base de contacts.
Validité La conformité des données à des règles de format, de type ou de plage de valeurs définies (ex: un code postal doit contenir 5 chiffres). Taux de conformité des données par rapport aux règles de validation prédéfinies.

Définir les rôles et responsabilités au sein de la stratégie de données

La qualité des données est l’affaire de tous, mais elle doit être orchestrée. Une gouvernance efficace repose sur l’attribution claire de rôles et de responsabilités. Ces acteurs garantissent que les règles de qualité sont définies, appliquées et respectées tout au long du cycle de vie de la donnée. Une telle structure est fondamentale pour s’assurer qu’une IA est conforme au RGPD et aux autres réglementations.

  • Data Owner (Propriétaire de la donnée) : Cadre dirigeant responsable d’un domaine de données spécifique (ex: données clients, données produits). Il est redevable de la qualité globale des données de son périmètre et arbitre les règles de gestion qui s’y appliquent.
  • Data Steward (Garant de la donnée) : Expert opérationnel en charge de la gestion quotidienne de la qualité des données pour un sous-ensemble de données. Il définit les règles de qualité, met en œuvre les contrôles, analyse les anomalies et coordonne les actions de correction.
  • Data Custodian (Gardien de la donnée) : Rôle technique (souvent au sein de la DSI) responsable de la gestion de l’infrastructure qui héberge les données. Il s’assure de la sécurité, de l’accessibilité et de l’intégrité technique des données, en application des règles définies par les Stewards.
  • Comité de Gouvernance des Données : Instance transversale qui réunit les principaux acteurs de la donnée pour piloter la stratégie globale, prioriser les chantiers, résoudre les conflits et suivre les indicateurs de performance. Le bon pilotage des agents IA et des systèmes de données dépend de cette coordination.

Pour garantir une gouvernance totale et une conformité réglementaire, des entreprises comme Algos intègrent ces principes dès la conception de leurs plateformes. L’approche « Privacy by Design », la présence d’un DPO dédié et une politique de « Zero Data Retention » sont des exemples concrets de la manière dont une architecture technologique peut soutenir et renforcer une stratégie de gouvernance des données.

Mettre en œuvre le processus de contrôle de qualité des données IA en 5 étapes

Vue abstraite sur des données structurées après un contrôle de qualité des données IA rigoureux pour une meilleure performance.
Vue abstraite sur des données structurées après un contrôle de qualité des données IA rigoureux pour une meilleure performance.

La mise en place d’un contrôle de qualité des données IA est un projet structuré qui se déploie de manière séquentielle et itérative. Il s’agit de construire un pipeline robuste qui prend en charge la donnée depuis sa source jusqu’à son utilisation par les modèles d’IA, en appliquant des contrôles et des transformations à chaque étape. Cette méthodologie garantit que seules des données fiables et normalisées alimentent les algorithmes, maximisant ainsi leur performance et leur fiabilité. Le processus s’articule autour de cinq étapes clés, de l’analyse initiale à la surveillance continue.

Étape 1 et 2 : du profilage au nettoyage et à la normalisation

Les premières étapes sont fondamentales pour préparer les données brutes. Elles visent à comprendre leur état initial et à corriger les défauts les plus évidents avant toute utilisation.

  • Étape 1 : Profilage des données (Profiling). La première action consiste à analyser les données sources pour dresser un état des lieux complet de leur qualité. Des outils de profilage scannent les jeux de données pour calculer des statistiques descriptives (distribution, valeurs min/max, fréquence), identifier les formats, détecter les valeurs nulles, les doublons potentiels et les valeurs aberrantes. Ce diagnostic initial est essentiel pour quantifier l’ampleur des problèmes de qualité et orienter les efforts de nettoyage.
  • Étape 2 : Nettoyage et normalisation (Cleansing & Normalization). Sur la base des résultats du profilage, cette phase consiste à corriger, standardiser et enrichir les données. Le nettoyage traite les erreurs identifiées : correction des fautes de frappe, imputation des valeurs manquantes par des techniques statistiques (moyenne, médiane) ou prédictives, et suppression des doublons avérés. La normalisation vise à harmoniser les données en les faisant correspondre à des standards et référentiels uniques (standardisation des adresses, harmonisation des unités, mise en conformité des formats de date).

À titre d’exemple, le moteur RAG avancé d’Algos, OmniSource Weaver, intègre ce processus de qualification en amont. Le pipeline n’effectue pas une simple vectorisation des données brutes. Il opère un processus rigoureux en trois temps : Extraction des données depuis les sources, Normalisation pour nettoyer, structurer et dédoublonner l’information, et enfin Vectorisation. Cette approche garantit que seuls des fragments d’information qualifiés et fiables sont transformés en vecteurs, prévenant ainsi le principe « Garbage In, Garbage Out » dès la phase d’indexation des connaissances.

Étape 3 à 5 : validation, surveillance et correction continue

Une fois les données nettoyées, il est crucial de maintenir leur qualité dans la durée. Les étapes suivantes instaurent des mécanismes pour prévenir l’introduction de nouvelles erreurs et pour détecter les dérives en temps réel.

  • Étape 3 : Validation des données (Validation). Cette étape consiste à mettre en place des barrières de qualité. Des règles de validation, basées sur les standards définis par la gouvernance, sont appliquées automatiquement pour vérifier la conformité de toute nouvelle donnée entrant dans le système. Une donnée qui ne respecte pas une règle (ex: un email sans « @ », un prix négatif) peut être rejetée, mise en quarantaine ou signalée pour correction manuelle.
  • Étape 4 : Surveillance continue (Monitoring). Le contrôle de qualité des données IA ne s’arrête pas une fois les données chargées. Il est essentiel de surveiller en continu la qualité des flux de données en production. Des tableaux de bord suivent l’évolution des KPI de qualité et des alertes automatiques sont déclenchées lorsque des seuils critiques sont franchis (ex: augmentation soudaine du taux de valeurs manquantes). Cette surveillance permet de détecter rapidement les dérives liées à des changements dans les systèmes sources ou les processus métier. Une bonne supervision des agents IA et des données qu’ils manipulent est clé.
  • Étape 5 : Correction et boucle de rétroaction (Remediation & Feedback). Lorsqu’une anomalie est détectée, un processus de correction doit être enclenché. Il est important de ne pas seulement corriger la donnée erronée, mais aussi d’analyser la cause racine pour améliorer le processus en amont. La mise en place d’une boucle de rétroaction, où les erreurs détectées sont communiquées aux Data Stewards et aux équipes métiers responsables, permet d’améliorer continuellement la qualité à la source.

Orchestrer les outils et l’automatisation pour un contrôle efficace

Un contrôle de qualité des données IA à l’échelle de l’entreprise est irréalisable manuellement. L’industrialisation de la démarche repose sur un outillage technologique adapté et une automatisation poussée des processus de validation et de nettoyage. L’objectif est de construire un pipeline de données résilient et évolutif, capable de traiter de grands volumes de données en garantissant un niveau de qualité constant. L’orchestration intelligente de ces briques technologiques permet de passer d’une approche réactive et laborieuse à une gestion proactive et efficiente de la qualité.

Les briques technologiques essentielles d’un pipeline de données robuste

La mise en œuvre d’un pipeline de contrôle de la qualité repose sur l’intégration de plusieurs composantes technologiques, chacune remplissant une fonction spécifique. La cohérence de cette architecture est un pilier de toute stratégie d’orchestration IA performante.

Architecture type d’une chaîne de qualité des données

  • Outils de connectivité et d’ingestion : Ces solutions (souvent intégrées aux plateformes ETL/ELT) permettent de se connecter à une grande variété de sources de données (bases de données, API, fichiers plats, flux temps réel) et d’en extraire les données brutes.
  • Plateformes de traitement de données (ETL/ELT) : Cœur du pipeline, ces plateformes orchestrent la transformation des données. C’est ici que les étapes de nettoyage, de normalisation, d’enrichissement et de validation sont appliquées, souvent via des workflows graphiques ou des scripts (SQL, Python).
  • Outils de profilage et de qualité des données (Data Quality) : Souvent spécialisées, ces solutions offrent des fonctionnalités avancées pour analyser la qualité des données, déduire des règles de validation, dédoublonner des enregistrements via des algorithmes de correspondance (logique floue) et fournir des tableaux de bord de suivi.
  • Entrepôt ou lac de données (Data Warehouse / Data Lake) : Ces systèmes de stockage centralisés reçoivent les données nettoyées et qualifiées. Ils servent de source de vérité unique pour les applications d’analyse et les modèles d’intelligence artificielle, garantissant que tous les utilisateurs travaillent sur des données fiables.

Automatiser les règles de validation pour un traitement optimisé

L’automatisation est la clé pour garantir un contrôle de qualité des données IA systématique et à grande échelle. Elle consiste à traduire les règles de gestion et les standards de qualité définis par la gouvernance en contrôles exécutables par des machines. Ces contrôles sont intégrés directement dans les pipelines de données pour intercepter les erreurs au plus tôt, souvent avant même qu’elles n’atteignent les systèmes de stockage centraux. La recherche au MIT sur des systèmes comme GenSQL, une IA générative pour les bases de données, ouvre des perspectives pour poser des questions complexes sur la qualité des données en langage quasi-naturel. Les bénéfices de l’automatisation sont multiples :

  • Détection précoce des erreurs : En plaçant les contrôles au début du pipeline, les anomalies sont identifiées et traitées avant de se propager dans le système d’information et d’affecter les processus en aval.
  • Application cohérente des règles : L’automatisation garantit que les mêmes règles de qualité sont appliquées de manière uniforme à toutes les données, éliminant les risques d’interprétation ou d’oubli liés à une vérification manuelle.
  • Gain de temps et d’efficacité : Les équipes de données sont libérées des tâches répétitives de vérification manuelle et peuvent se concentrer sur des analyses à plus forte valeur ajoutée et sur la résolution des cas d’anomalies complexes.
  • Évolutivité (Scalability) : Les contrôles automatisés peuvent traiter des volumes de données qui seraient impossibles à gérer manuellement, assurant le maintien de la qualité même en cas de forte croissance des flux de données.

À un niveau plus avancé, l’orchestration d’agents IA permet une validation encore plus sophistiquée. Par exemple, le CMLE Orchestrator d’Algos utilise un mécanisme de validation itératif où un agent critique interne évalue la qualité des résultats produits par d’autres agents. Si la qualité est jugée insuffisante, le plan d’exécution est ajusté et un nouveau cycle est lancé, garantissant une fiabilité maximale et un taux d’hallucination inférieur à 1 %. C’est une illustration parfaite de l’automatisation au service de la qualité.

Pérenniser la démarche : culture, formation et audits réguliers

La mise en place d’outils et de processus est une étape nécessaire, mais insuffisante pour garantir un contrôle de qualité des données IA sur le long terme. La pérennité de la démarche dépend avant tout de facteurs humains et organisationnels. Il est indispensable d’ancrer une véritable culture de la donnée, où chaque collaborateur comprend son rôle et sa responsabilité dans le maintien de la qualité du patrimoine informationnel. Cet effort culturel, soutenu par la formation et des audits réguliers, est ce qui transforme une initiative ponctuelle en une compétence d’entreprise durable.

Ancrer une culture de la donnée par la formation des équipes

La qualité des données commence souvent au moment de leur création, lors d’une saisie dans un CRM, d’un enregistrement dans un ERP ou de la configuration d’un capteur. Sensibiliser et former les équipes opérationnelles est donc un levier d’action majeur. Comme le soulignait le président de l’université Howard lors d’une conférence au MIT, il est impératif de développer l’IA avec sagesse, ce qui commence par une gestion éclairée des données qui la nourrissent.

  • Sensibiliser aux impacts : La première étape est d’expliquer concrètement aux collaborateurs comment la qualité de leur travail sur les données impacte directement la performance de l’entreprise. Montrer les conséquences d’une mauvaise saisie sur une campagne marketing ou une prévision logistique est plus efficace qu’un simple rappel à l’ordre.
  • Former aux bonnes pratiques : Des programmes de formation des équipes doivent être déployés pour enseigner les règles de gestion, l’utilisation correcte des outils et les procédures de saisie. Ces formations doivent être adaptées à chaque métier et intégrer des cas pratiques. Une bonne compréhension de la protection des données IA est un aspect essentiel de cette formation.
  • Fournir les bons outils : Il faut faciliter le travail des utilisateurs en leur fournissant des interfaces ergonomiques avec des aides à la saisie, des listes de valeurs prédéfinies et des contrôles de validité en temps réel pour prévenir les erreurs à la source.
  • Valoriser la qualité : La qualité des données doit être intégrée dans les objectifs et l’évaluation des équipes. Reconnaître et récompenser les collaborateurs et les départements qui font preuve de rigueur contribue à renforcer la culture de la donnée.

Des partenaires spécialisés peuvent accompagner cette transformation culturelle. À titre d’exemple, Algos propose des services d’Audit de maturité IA et de Formation IA des collaborateurs, aidant ainsi les entreprises à évaluer leur positionnement et à développer les compétences internes nécessaires pour pérenniser leurs initiatives de gouvernance des données.

Mesurer la maturité et le retour sur investissement du programme

Pour piloter la démarche et justifier les investissements continus, il est crucial de mesurer les progrès et de démontrer la valeur créée. Le contrôle de qualité des données IA n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’atteindre des objectifs métiers. La mesure du retour sur investissement (ROI) permet de connecter les améliorations techniques à des gains tangibles pour l’entreprise.

Évaluer le ROI de la qualité des données

La mesure du ROI repose sur la comparaison entre les coûts du programme et les bénéfices générés.

  • Coûts : Incluent les licences logicielles, les coûts d’infrastructure, le temps passé par les équipes techniques et métiers sur les projets de qualité, et les frais de formation.
  • Bénéfices : Peuvent être directs ou indirects.
    • Réduction des coûts : Diminution des coûts de remédiation des erreurs, optimisation des stocks, réduction des envois postaux incorrects, etc.
    • Augmentation des revenus : Amélioration du ciblage marketing, identification de nouvelles opportunités de vente croisée, personnalisation plus fine de l’offre.
    • Amélioration de l’efficacité : Automatisation des processus, réduction du temps passé par les analystes à nettoyer les données, prise de décision plus rapide et plus fiable.
    • Réduction des risques : Meilleure conformité réglementaire, réduction du risque d’amendes, protection de la réputation de l’entreprise.

L’orchestration intelligente des processus de données est un levier majeur de ce ROI. À titre d’illustration, Algos démontre que son approche d’orchestration, en optimisant l’usage des ressources et en fiabilisant les processus, permet de réduire le coût total de possession (TCO) des solutions d’IA jusqu’à 70 % par rapport à une approche non optimisée. Ce gain d’efficience est un bénéfice direct et quantifiable d’un système bâti sur des fondations de données de haute qualité. En fin de compte, un programme de contrôle de qualité des données IA bien mené transforme la donnée d’un centre de coût en un puissant moteur de performance et d’innovation.